Documentaire : Lumières sur les sombres réalités de l’exploitation industrielle de diamants
« Beyond Shining Illusions » (Au-delà des brillantes illusions), une enquête du journaliste Umaru Fofana, sur des opérations minières en Sierra Leone, au Lesotho et en République démocratique du Congo, produit par la Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley, révèle les conséquences souvent ignorées de l’exploitation industrielle de diamants pour les communautés locales dans les Etats africains.

Déjà près de 6000 vues sur YouTube où cette vidéo a été publiée seulement depuis cinq jours à partir du lien https://www.youtube.com/watch?v=PGZG6P6iL8E . Dans plusieurs pays africains, les diamants symbolisent selon l’auteur, l’argent pour l’éducation et la nourriture sur la table. « Mais ils ont un coût ». Aujourd’hui poursuit le récit, 99% des diamants sont exempts de conflits par le Processus de Kimberley (PK), une initiative internationale mise en place pour freiner le commerce de diamants de conflits. En effet, le système de certification du processus de Kimberley (SCPK) est le processus établi en 2003 par la résolution 55/56 de l’Assemblée générale des Nations unies, à la suite des recommandations du rapport Fowler, pour empêcher les « diamants de la guerre » d’entrer sur le marché des diamants bruts. Le processus a été mis en place « pour garantir que les achats de diamants ne financent pas la violence des mouvements rebelles et de leurs alliés qui cherchent à saper les gouvernements légitimes ».
Seulement, le rapport affiché par cette certification internationale ne reflète pas la réalité sur le terrain. « La certification donne un laisser aller à l’industrie du diamant, l’illusion que les problèmes sont résolus. Alors qu’ils sont loin de l’être », dénonce Umaru Fofana, journaliste, auteur du documentaire intitulé : « Beyond Shining Illusions » en français : « Au-delà des brillantes illusions » qui met en relief les défis de l’exploitation industrielle des diamants en Afrique et ce qui doit changer. Produit par la Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley, cette vidéo résulte d’un travail d’enquête mené dans trois pays (Lesotho, Sierra-Léone et République Démocratique du Congo) et met en lumière les conséquences souvent ignorées de l’exploitation industrielle des diamants sur les communautés locales. Des témoignages y font état d’abus des droits humains, de dégradations de l’environnement et d’un manque généralisé de retombées socio-économiques au niveau local.
Droits humains bafoués
Avec cette vidéo la Coalition veut attirer l’attention sur des questions aujourd’hui négligées et creuser au-delà du marketing pour exiger un véritable changement et favoriser un débat constructif sur la manière dont le secteur peut réaliser le potentiel qu’il représente pour les communautés. Un travail titanesque démarré en octobre 2024 en Sierra Leone et résumé en moins de 20 minutes d’échanges avec les riverains des sites de production des diamants, des experts, des chercheurs, des acteurs de la société civile, des avocats, des journalistes … Le documentaire révèle l’urgence d’une redéfinition voire reformulation des termes du PK au sujet des diamants de conflits. La définition des diamants de conflits selon le Processus de Kimberley couvre les diamants bruts utilisés par des mouvements rebelles pour financer leurs opérations visant à renverser des gouvernements légitimes.
« Cette définition découle du contexte du début des années 2000, marquée par des guerres civiles. Mais aujourd’hui, quand nous parlons de conflits ou de violence, nous voyons que ce ne sont pas forcément des groupes rebelles qui sont impliqués. Cela peut être des acteurs étatiques ou des acteurs privés. Nous voyons aussi des organisations criminelles, parfois même des groupes terroristes qui génèrent ou blanchissent de l’argent à travers le commerce international des diamants », relève Hans Merket, chercheur dans un entretien avec le journaliste Fofana dans le cadre de ce documentaire, ouvrant ainsi les pistes pour une meilleure reformulation et prise en compte des insuffisances constatées dans la définition actuellement utilisée. Car, malheureusement, ce sont les communautés qui en paient le lourd tribut.
Nadège Christelle BOWA