ENQUETE

Sa majesté Mercure Ditope Lindoume : Qu’on s’entende sur une portion de terrain à laisser à la communauté

Pour le chef du village Apouh à Ngoh, la résolution de ce conflit foncier entre sa communauté et la Socapalm est possible sous certains préalables qu’il expose dans cet entretien. Sa majesté Mercure Ditope Lindoume éclaire également sur les allégations « diffamatoires » du Préfet.

Publier pour la première fois par LE MESSAGER N° 8515 du Mardi 13 mai 2025 

Pourquoi refusez-vous de signer les procès-verbaux de demande de concession ?

Il faut dire que la situation d’Apouh est spéciale, exceptionnelle. Elle n’est pas comparable aux autres villages. Ils ont trouvé des autochtones qu’ils ont chassés sans indemnisation. Ils ont planté sans aucune autorisation administrative. Une société privée ne peut pas occuper le domaine national comme ça. Il y a une procédure à suivre qui inclut de lancer un dossier de concession provisoire. Ils ne l’ont pas respectée. Ils ont chassé avec la complicité de l’administration, les villageois qui occupaient cette parcelle-là. C’est une parcelle de 874 hectares. 15 ans après, ils se rendent compte qu’ils sont en situation irrégulière, illégale même. Ils veulent aujourd’hui régulariser sans regarder l’intérêt de l’État. Ne parlons même plus de croissance de la population. Non, ça ne leur dit rien. Quand le dossier est relancé, on m’appelle avec mes deux notables, mettent de l’argent sur la table. J’ai des preuves qu’ils ont exercé des pressions sur nous ; qu’ils ont tenté de nous corrompre. Et je le lui avais dit, il m’a servi une demande d’explication qu’il a appelé « ultime mise en garde ».  Depuis qu’il est là, il m’a envoyé trois demandes d’explication avec « menace d’exécution », toujours sur le même dossier de « replanting de la Socapalm ». Comment pouvons-nous expliquer ça ?

Vous êtes accusé d’extorsion d’argent…

Le préfet me reproche d’avoir demandé 50 millions à la Socapalm, pour que moi, le chef et mes deux notables, puissions poser notre signature, sur ce qu’ils appellent les conventions, que d’autres chefs riverains ont déjà paraphés. C’est des propos diffamatoires. Il porte atteinte à mon honnêteté, à ma dignité, à ma personne. Il est allé très loin. J’espère pour lui, qu’il a des preuves. Si c’est la Socapalm qui lui a dit, il faudra qu’elle lui apporte ses preuves. Je ne me reproche absolument rien du tout. J’ai le devoir de laver cet affront, cette insulte, cette injure. Mes avocats sont saisis. Je vis avec cette population tous les jours. Le préfet ou le sous-préfet ne connaissent pas les problèmes auxquels nous sommes confrontés. …Le préfet devrait avoir des égards et du respect pour moi. Tout simplement parce que je suis son aîné. Deuxièmement, parce que je suis une autorité administrative. Troisièmement, si on va dans l’administration, je suis plus gradé que lui-même retraité. Je suis une autorité traditionnelle. Lui, une autorité administrative. Nous devons traiter d’autorité à autorité. Être auxiliaire de l’administration ne veut pas dire que nous sommes des valets. Je suis respectueux de la loi. J’ai travaillé 45 ans dans l’administration. Je suis un fonctionnaire intègre. Je le respecte. Quand l’instruction qu’il donne est légale et régulière, je l’applique. Mais quand elle est illégale et régulière, lèse les intérêts de ma communauté, il y a problème.

En tant que chef qu’est-ce vous proposez comme solution pour la résolution de cette crise ?

Je préconise la Socapalm et la communauté s’asseyent afin de trouver une solution. Le préfet n’apporte aucune solution. Et comme il a garanti à la Socapalm qu’il va régler le problème d’Apouh, il va le faire détruire. C’est là où il y a blocage. Si jamais nous étions vraiment assis à une table pour discuter avec la Socapalm, qui pour nous est une entreprise qui a sa place, son utilité, sa raison d’être… Ce n’est pas à nous de vouloir lui empêcher de remplir sa raison économique. Le seul fait qu’elle soit là, même comme elle ne recrute pas nos enfants, c’est quelque chose pour l’intérêt général. Notre intérêt n’est pas de combattre la Socapalm. Mais c’est que la Socapalm sache que sa présence induit des difficultés à la communauté qu’elle a trouvée sur place. Et qu’elle accepte qu’on travaille ensemble pour atténuer ces nuisances. Qu’on s’entende sur une portion de terrain qu’on va laisser à la communauté villageoise comme espace vital. C’est tout. Et c’est possible. Tous les terrains appartiennent à l’Etat. C’est ce que la population veut. Et je suis derrière la population. Je vous assure, si aujourd’hui, c’est fait, c’est eux qui vont même signer. Le préfet raconte des histoires. Il dit que la solution est trouvée. Si cela est vrai, pourquoi il ne vient pas le dire aux populations ?

Réalisé par

Nadège Christelle BOWA

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