Le Sommet africain sur le climat promeut le programme financier de l’Afrique
Le deuxième Sommet africain sur le climat (ACS2) prévu tenir à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 8 au 10 septembre 2025, qui devrait réunir plus de 45 chefs d'État africains, cherchera à mettre en avant le leadership et l'innovation de l'Afrique dans la lutte contre la crise climatique et à présenter la position officielle du continent avant la COP30.

Organisé conjointement par le gouvernement éthiopien et la Commission de l’Union africaine, le deuxième Sommet africain sur le climat (ACS2) sous le thème : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique ». Les deux piliers stratégiques du ACS2 seront la présentation des solutions climatiques menées par l’Afrique et le déblocage des financements climatiques. Le sommet biannuel vise à mettre en avant les ambitions et les solutions locales de l’Afrique, en positionnant le continent comme un moteur de la réponse mondiale au changement climatique. La crise climatique s’aggrave : 2024 est déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée, et 2025 est en passe de la dépasser. Les pays africains restent très vulnérables à ces impacts, bien qu’ils contribuent à moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
L’ACS2 vise à s’appuyer sur les engagements fermes pris en 2023 lors du sommet inaugural, qui a donné lieu à la Déclaration de Nairobi, un appel à l’action en onze points qui a marqué la position unifiée de l’Afrique en matière d’action climatique, et à les mettre en œuvre. « Le Sommet africain sur le climat n’est pas un événement comme les autres : c’est l’occasion pour l’Afrique de prendre les devants. C’est notre COP. L’ACS2 est le lieu où les idées audacieuses rencontrent la justice climatique, et où l’élan collectif se transforme en mouvement », vante S.E. Seyoum Mekonnen, ministre d’État chargé de la Planification et du Développement (MoPD), Éthiopie. A son avis, considérer l’Afrique comme une simple victime du changement climatique, c’est avoir une vision incomplète. « Nous sommes un continent de solutions : nous développons l’agriculture intelligente face au climat, nous protégeons les forêts à l’aide d’outils numériques, nous déployons des systèmes d’irrigation et d’alerte précoce alimentés par l’énergie solaire, nous faisons progresser les connaissances autochtones, nous créons des emplois verts pour les jeunes et les femmes, et nous mobilisons la volonté politique au plus haut niveau. L’ACS2 est l’occasion pour nous de montrer au monde que l’Afrique n’attend pas, mais qu’elle montre la voie », assure Seyoum Mekonnen.
Promouvoir une gouvernance climatique inclusive
Le financement climatique à une échelle suffisante pour répondre de manière adéquate aux besoins d’adaptation et aux impératifs de développement de l’Afrique, fondés sur l’industrialisation verte, est l’un des principaux points à l’ordre du jour de l’ACS2. « Alors que l’Afrique a besoin de 3 000 milliards de dollars pour atteindre ses objectifs climatiques, seuls 30 milliards de dollars ont été reçus entre 2021 et 2022. L’ACS2 est l’occasion pour nous de montrer la voie, d’innover et d’agir. Unis par notre intérêt commun pour la réalisation des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063, nous devons promouvoir une gouvernance climatique inclusive qui ne laisse personne de côté pour l’Afrique que nous voulons », souligne S.E. Moses Vilakati, commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et à l’environnement durable de la Commission de l’Union africaine.
« L’Afrique est confrontée à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et prolongés, allant de sécheresses pluriannuelles en Afrique de l’Est à des inondations et des vagues de froid qui menacent les vies et les moyens de subsistance. Ces chocs climatiques touchent tous les secteurs, en particulier l’agriculture et la pêche, rendant indispensables des systèmes d’alerte précoce multirisques adaptés aux spécificités locales pour la préparation et l’adaptation », observe Harsan Nyambe, directeur de l’environnement durable et de l’économie bleue, Commission de l’Union africaine.
Stimuler la création d’emploi et la croissance des économies
Selon ce dernier, ces systèmes doivent intégrer les données météorologiques, la surveillance des catastrophes et de la santé, ainsi que les connaissances autochtones afin d’aider les communautés à protéger leurs cultures, leur bétail et leurs moyens de subsistance. L’ACS2 cherchera à réaffirmer la volonté de l’Afrique d’augmenter sa capacité en énergies renouvelables à 300 GW d’ici 2030 afin de permettre l’accès universel à l’énergie et une industrialisation verte. En exploitant ses vastes ressources renouvelables et ses minéraux essentiels, l’Afrique affichera son engagement à ramener sur le continent les industries manufacturières à forte intensité énergétique et à forte valeur ajoutée afin de stimuler la création d’emplois et la croissance de nos économies.
Pour Abas Mohammed, coprésident du comité chargé du contenu et du programme de l’ACS2 et responsable de la politique, de l’analyse stratégique et de l’intégration des questions relatives à l’environnement et au changement climatique au ministère de la Planification et du Développement de l’Éthiopie, le deuxième Sommet africain sur le climat repose sur un financement climatique évolutif et mettra en avant les solutions locales, menées par l’Afrique, notamment en matière d’adaptation et de résilience, qui ont déjà un impact réel. « L’un des principaux résultats de l’ACS2 est de mettre en avant ces initiatives d’importance mondiale, allant du reboisement à grande échelle et de l’agriculture résistante à la sécheresse à l’expansion des énergies renouvelables, démontrant ainsi que l’Afrique ne se contente pas de s’adapter, mais qu’elle montre la voie, et qu’investir dans les solutions africaines profite à la planète entière. L’ACS2 va au-delà des déclarations pour passer à l’action », commente-t-il.
Nadège Christelle BOWA