Développement durable

Les paysans de Mbalmayo expérimentent les pratiques agroécologiques

Sous le couvert du projet : « Mise à l’échelle des pratiques agroécologiques en zone rurale au Cameroun à travers l’expérimentation en champs paysans », une initiative conjointe du Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) et l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), les membres de la coopérative SCOOPMAN ont bénéficié d’une série de formations axée sur l’utilisation des technologies agroécologiques.

Sur les visages, se lit la satisfaction du travail accompli, de la leçon apprise et comprise. Formateurs et apprenants en visitant le champ d’expérimentation des pratiques agroécologiques de Mbalmayo dans la région du Centre, département du Nyong et So’o, en compagnie des officiels ne boudent pas leur bonheur au bout de trois mois de labeur. L’espace n’est pas très grand mais suffisant pour que les apprenants puissent se faire une idée et s’approprier les technologies agroécologiques diffusées dans le cadre du projet : « Mise à l’échelle des pratiques agroécologiques en zone rurale au Cameroun à travers l’expérimentation en champs paysans », mis en œuvre conjointe par le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD),  une organisation camerounaise qui œuvre pour le développement rural durable à travers l’appui aux initiatives locales, la promotion de l’agroécologie et le renforcement des capacités des producteurs, et l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), établissement public camerounais chargé de concevoir et de mettre en œuvre la recherche agricole pour le développement, en vue d’accroître la productivité et la durabilité des systèmes de production.

« On a travaillé sur trois bandes, composées de quatre blocs chacun. Il y a des blocs où on ne mettait rien. Comme si j’allais dans mon champ, je commençais à cultiver, sans aucun apport organique ni chimique. Il y a des blocs où on a mis la fiente de poule. Des blocs où on a utilisé le biochar [produit à partir des déchets agricoles, Ndlr].  Et des blocs où on associait, comme nous faisons ici, l’arachide au maïs. Et nous, on ajoute même le macabo, on ajoute le bananier plantain », rapporte une participante selon qui, à l’observation des résultats, la parcelle enrichie à la fiente de poule obtient un meilleur rendement suivi par le biochar. Un autre se dit avoir été séduit par les propriétés du biochar qu’il ne connaissait pas avant cette expérience comme la plupart des apprenants d’ailleurs. Le processus en évaluation au cours d’une mission des partenaires, le mercredi 10 décembre 2025, sur le site école de Mbalmayo a commencé il y a trois mois.

Embellie

« Il s’agit d’une approche participative de vulgarisation des résultats de la recherche, qui a impliqué, d’une part, la recherche, le service de vulgarisation et conseil agricole, en l’occurrence le Saild, et les producteurs. Il était question pour nous d’expérimenter différentes pratiques agroécologiques qui permettent de restaurer la fertilité des sols et d’accroître la productivité », explique Dr Basga Simon Djakba, chercheur à l’Irad. Pour cette expérimentation, trois pratiques agroécologiques ont été testé pour permettre aux producteurs, un choix éclairé. Il s’agit : du biochar produit à partir des déchets agricoles, la fiente de poule, et l’association céréale-légumineuse, dans ce cas précis, le maïs et l’arachide. La mission conjointe Irad-Saild représentée respectivement Dr Francis Ngome, Directeur général adjoint de l’Irad et Hozier Nana, Secrétaire général du Saild, a permis une évaluation sans complaisance des résultats obtenus et du niveau d’appropriation des paysans.

Globalement, ces derniers ont été satisfaits, surtout de l’utilisation du biochar, que plusieurs producteurs ne connaissaient pas avant. Ils ont par ailleurs nourri l’idée d’être formés davantage sur la production de cet intrant. Un intérêt qui satisfait les objectifs poursuivis par le ministère de la recherche scientifique et de l’Innovation. « Madame la ministre de la Recherche scientifique, Dr Madeleine Tchuinte a insisté pour qu’on mette tous les résultats de la recherche à la disposition des producteurs. Parce que l’objectif du chef de l’État, c’est d’améliorer les conditions des paysans », a souligné Dr Francis Ngome. Outre l’amélioration des conditions de vie des producteurs, ces technologies a-t-il poursuivi permettent également d’assurer la santé humaine et celle de l’environnement. « Nous sommes contents de ce partenariat avec le Saild, parce que nous avons eu cette possibilité de promouvoir les différentes pratiques agroécologiques, non seulement dans la zone du Centre, mais comme j’ai expliqué, nous irons progressivement dans les autres régions du Cameroun », a-t-il promis annonçant dans le sillage le début des formations des paysans dans la production du biochar en mars 2026.

Nadège Christelle BOWA

 

Réactions

Dr Francis Ngome, DGA IRAD

On va étendre cette initiative dans les autres régions au Cameroun

Cela fait trois ans que l’Irad et le Saild travaillent pour promouvoir l’agroécologie au Cameroun. Ensemble, nous avons développé les technologies agroécologiques qu’il faut mettre à la disposition des producteurs. Et il n’y a pas une meilleure façon de le faire qu’à travers les champs école paysan où le producteur lui-même participe au processus du début à la fin. Aujourd’hui, nous sommes là pour suivre ce qu’ils ont fait pendant trois mois. Et nous sommes contents parce qu’à travers ce que nous avons constaté sur le terrain, il y a une différence significative entre les différents traitements. Ça montre que l’utilisation des technologies agroécologiques peut booster la production agricole au Cameroun, sans utiliser les produits chimiques. Parce que les produits chimiques sont néfastes à l’homme, mais aussi à l’environnement. Nous avons commencé à Mbamayo, mais on va étendre cette initiative dans les autres régions au Cameroun. Donc ça, c’est la première phase. La deuxième phase, nous allons aussi diversifier les autres technologies agroécologiques.

 

Alvine epse Nnomengoue, PCA Scoopman Coopérative

Améliorer nos techniques culturales

Ce que nous avons acquis est au niveau de l’amélioration des techniques culturales. Nous sommes habitués à travailler dans les champs sans même savoir où on va, pour quels objectifs, juste pour nourrir la famille. Or ici, on a appris des techniques culturales qui consiste entre autres : au travail en ligne qui permet d’aligner les cultures ce qui facilite le nettoyage ; enrichir le sol ; puis, amener les producteurs eux-mêmes à évaluer et à choisir ce qu’ils peuvent utiliser dans leur plantation. C’est vraiment l’avantage qu’on a eu ici avec cette initiative du SAILD en compagnie de la recherche scientifique, donc l’IRAD.

 

Daniel Toua Eloundou, entrepreneur agropastoral

Le producteur se projette dans ses calculs de rendement

Tout d’abord, je remercie les responsables de l’IRAD et du SAILD qui nous ont permis de vivre cette expérience. Ce qui m’a marqué, c’est beaucoup plus les pratiques agroécologiques que nous devons mettre en valeur dans nos différentes exploitations. Par exemple, moi, je suis producteur de maïs, etc. après cette formation, j’envisage vraiment expérimenter l’association du biochar et la fiente de poule dans mes plantations pour booster le rendement. Le producteur se projette dans ses calculs. Il essaie un peu de voir si, en faisant peut-être du biochar seul, le rendement qu’il peut avoir, ou bien la fiente de poule. Donc, si en faisant les deux, j’ai un très bon rendement, je me lance dans ce choix.

Rassemblées par NCB

 

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