Foncier et agriculture

Myciculture au Cameroun : Le Saild suscite des vocations de producteurs du champignon

A l’initiative du Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement (Saild), la maison de promotion de la femme et de la famille de Yaoundé 5, a récemment accueilli une journée d’information sur la culture du champignon. Un moment d’échanges qui a vu naître de nombreuses vocations chez les participants attirés autant par l’accessibilité du coût de production et que par les opportunités offertes.

En 2016, lorsque Mispa Likeng se lance dans la myciculture – culture du champignon- la jeune femme traverse une période assez difficile. « J’ai perdu mon emploi. Malheureusement je n’avais pas d’épargne, je n’avais pas d’autres activités génératrices de revenus. J’étais perdue », se souvient-elle. C’est alors que David Fodjo, myciculteur depuis 2006, lui offre une bouée de sauvetage. Elle commence avec lui comme vendeuse de champignon. « Et de fil en aiguille, en le voyant faire, j’ai appris et on a commencé à produire les champignons ensemble. Et j’y ai trouvé mon compte ». Son expérience a été partagée au cours d’une journée d’information sur la culture du champignon organisé par le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (Saild), le mercredi 16 juillet 2025 à Yaoundé.

Au cours de cette journée, les participants ont été outillés sur l’importance de la culture du champignon, les techniques de production de manière biologique ; mais aussi les potentielles difficultés. Etudiante en environnement dans une université de la place, Avila Kanelle Meudom, a été séduite. « J’ai été attirée par le mot bio. Ce mot a suscité ma curiosité et j’ai décidé de venir découvrir. Après les présentations notamment celle de Madame Likeng, j’envisage me lancer au vu des bénéfices que renferme ce végétal non chlorophyllien. C’est une culture qui n’a pas trop de contraintes, c’est rentable [Jusqu’à 200% de retour sur investissement selon les praticiens, pour un investissement compris entre 50 000 et 100 000 voire plus selon la taille de l’exploitation, Ndlr], pratique et accessible. En plus, c’est nutritif. Tout le monde peut le consommer que ce soit les bébés, les personnes âgées, etc. »

Opportunités

David Fodjo: « Il y a deux raisons fondamentales qui nous permettent de continuer à faire les champignons, c’est que c’est une culture rentable, c’est une culture peu d’investissement, parce que vous le faites à domicile, pas besoin des hectares de terrain pour cela »

A la dimension pécuniaire de cette activité, David Fodjo mettant en exergue l’aspect environnemental, relève que : « L’économie circulaire vraiment se retrouve dans la myciculture. Le cycle de production est court. Vous avez semé, un mois après vous êtes à la récolte. Ça veut dire que le retour sur l’investissement est très rapide ». Donald Kaze, entrepreneur se dit aussi intéressé par cette spéculation. « On a fait ça quand j’étais en formation, mais je n’ai pas très bien compris. J’avais besoin d’un peu plus de connaissances avant de pouvoir me lancer. Actuellement, je fais de la production de poulet de chair et de porcs. Je voulais aussi me lancer dans la production des champignons ». Il retient de cette formation que : « …le champignon est une viande végétale, mais aussi ça a beaucoup de vertus thérapeutiques. C’est conseillé pour beaucoup de malades. C’est aussi bon pour le cœur. Je compte vraiment me lancer », laisse-t-il entendre désormais rassuré. « Le Monsieur donne la possibilité à ceux qui sont formés de venir exploiter. Il a créé un village de champignons. On a pris contact ».

Comme beaucoup de débutants, Donald avait un souci d’espace de production et de maîtrise des rouages qu’il entend combler à travers l’opportunité qu’offre David Fodjo et le Saild. En effet, dans le cadre du projet « Centre de Connaissances pour l’Agriculture Biologique et l’Agroécologie en Afrique » (CCAB), qui soutient cette initiative, des facilités sont accordées à travers le Village du champignon qui met à disposition ses infrastructures. « Quand vous avez la volonté, on peut vous accompagner. Si vous avez un espace à la maison, un magasin, une salle, on peut aménager. Il n’y a pas de problème sans solution. Nous sommes solution-minded », affirme David Fodjo, formateur au cours de cette journée d’information. « Je vais d’abord aller commencer, même si c’est en petite quantité au village du champignon pour mieux m’outiller avant de me mettre à mon propre compte », annonce-t-il. « Je suis à Jouvence. La chance que j’aie, c’est que je suis à peine 200 FCfa du village du champignon », jubile Donald.

Appui conseil

Pour le Saild, l’objectif visé par cette journée a été atteinte au regard de l’engouement enregistré auprès des participants, nombreux à s’inscrire pour la suite. « On a organisé cette formation dans le cadre de notre projet Pôle de connaissance pour promouvoir l’agroécologie. Et parmi les pratiques agroécologiques, la culture des champignons a été identifiée comme très adéquates aux petits producteurs », explique Apollinaire Tetang, chargé de la diffusion des produits de connaissance dans le cadre du projet Pôle de connaissance pour la promotion de l’agriculture biologique. Connu en anglais sous l’appellation KCOA (Knowledge Centre for Organic Agriculture and Agroecology in Africa) a été lancé en 2019 par la Coopération allemande (GIZ) sur le continent africain.

Le CCAB est adossé sur l’initiative spéciale « Transformation des systèmes agricoles et alimentaires (SI AGER) », anciennement appelée l’initiative spéciale « UN MONDE sans faim », du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) qui finance ce projet dans cinq pôles de connaissances régionaux en Afrique. « Cette phase du projet CCAB-PCAC prévoit la vulgarisation de l’information utile pour la production bio envers le grand public. Car plusieurs aimeraient initier des activités, mais le plus gros problème n’est pas toujours l’appui ou l’accompagnement. Ils sont dépourvus d’informations et de formation. Le projet les leur apporte gratuitement via l’activité de la JI. Aujourd’hui c’est sur la culture du champignon, demain ça sera sur d’autres spéculations », rassure Pauline Voufo, chef du projet. Selon qui, « le SAILD reste ouvert pour fournir des informations complémentaires à ceux qui le solliciteront dans l’exercice de leur activité. Les experts formateurs qui animent la JI sont aussi disposés à continuer l’appui conseil comme le SAILD ».

Nadège Christelle BOWA

 

 

 

 

 

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