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Cameroun : Une nouvelle initiative met en valeur les farines locales

Mis en œuvre par le Service d’Appui aux initiatives Locales de Développement (Saild) en partenariat avec l’Association Citoyenne des Intérêts collectifs (Acdic), le projet « Renforcer les boulangeries artisanales utilisant les farines locales », vient d’être lancé à Yaoundé au cours d’un atelier de renforcement des capacités des acteurs de cette filière.

Un bol d’air dans la pratique de leur métier. C’est ce que vont recevoir les artisans boulangers utilisant les farines locales dans la production du pain et des pâtisseries au Cameroun. Grâce à l’appui financier du Fonds pour l’Agroécologie (Agroecologie Fund), le projet « Empowering Local Artisanal Bakeries » vient de voir le jour à Yaoundé. L’initiative qui permet de valoriser les farines locales dans la filière boulangerie est portée par le Service d’Appui aux initiatives Locales de Développement (Saild) en partenariat avec l’Association Citoyenne des Intérêts collectifs (Acdic). Elle a été lancée hier lundi 6 octobre 2025 à Yaoundé.

« Ce projet que nous lançons, consiste à renforcer les boulangeries artisanales. Soit, des petites unités de production portées par des artisans nationaux pour incorporer les farines locales, notamment les farines locales à base de manioc et de patates, dans la production du pain et des pâtisseries », explique Rodrigue Kouang, chef du projet. Ce projet est une réponse aux nombreux défis auxquels font face les artisans boulangers et pâtissiers locaux. « On a cette difficulté à joindre les deux bouts parce que le métier de la boulangerie nécessite de fonds conséquents. Pour mettre sur pied une idée de boulangerie aussi mini qu’elle soit, il faut avoir au moins le million. C’est là que bloque la plupart de potentiels promoteurs », confie Guy Marcel Nganta, promoteur du pain composé, représentant Gic Vert-Rouge-jaune.

Selon cet artisan boulanger, lorsqu’on a réussi à franchir la barrière de l’équipement, un autre obstacle vous barre le chemin. Celui de l’accès à de la matière première de qualité. « Je m’approvisionne dans les surfaces qui nous proposent des produits déjà finis de farine de manioc, de patate, etc. Seulement nous avons des difficultés parce que ces produits ne répondent pas vraiment aux normes de transformation », se plaint Decastro Fomekong, artisan boulanger, basé à Douala. « A cause du manque de matière première, nous sommes obligés de prendre ce que nous avons sous la main. Or, je ne peux pas être, en même temps, cultivateur et transformateur en produit. Également, les clients n’acceptent pas facilement nos produits parce qu’ils coûtent un peu plus cher », déplore-t-il.

Défis

Les artisans locaux déplorent en outre la concurrence « déloyale » du prix de la farine de blé importé, au demeurant plus accessible malgré les fluctuations récurrentes. « Je prends l’exemple de la farine de patate, qui coûte 1 600 francs le kilo, alors que la farine de blé est à 500 francs. Nous ne pouvons pas avoir les mêmes résultats, nous ne pouvons pas avoir les mêmes prix. C’est la difficulté que nous avons sur le marché », ajoute Decastro Fomekong.

Face aux défis qui les submergent, les attentes des boulangers et pâtissiers locaux sont nombreux. « Cette formation peut nous aider à standardiser le processus de transformation des farines pour qu’on obtienne une farine homologuée », espère Judicaël Mélanie Edoa, productrice de biscuits à base de farine de manioc, de patate et autres céréales. « Nous voulons que les producteurs de farines nous proposent des farines stables, pour que quel que soit la personne chez qui on achète la farine, qu’on ait une farine standard comme pour la farine de blé ».

Judicaël Mélanie Edoa

Produire des friandises pour des enfants autistes

Ce qui nous amène dans la production des biscuits et des gâteaux à base de farine 100% sans mélange, est la situation de mon fils qui est un peu autiste. Dans ce milieu, on s’est rendu compte que la farine de blé dérange un peu les enfants autistes. Cela accentue les crises, les rend agités. Voilà ce qui nous amène à commencer à travailler sur d’autres types de farines, notamment les farines locales. L’idée est de produire des friandises que les enfants aiment, sans davantage nuire à leur santé. Nous avons commencé il y a à peu près deux ans. Parmi nos difficultés, il y a les équipements (fours, moules) qui coûtent cher. Les petits moules que nous utilisons rend le travail pénible. Le deuxième problème, c’est avoir des farines standardisées. Le troisième problème, c’est la question du marché. Les produits ne pas toujours à la portée de tout le monde. Pour l’instant, le gain n’est pas encore très fort, mais avec la communication, on pense bien que ça peut marcher. De plus en plus, les gens comprennent l’importance du consommer local et veulent adhérer. Nous produisons des biscuits de manioc, des biscuits de patate et des biscuits de plantain. Et nous sommes une petite unité artisanale encore, pour l’instant.

Ce projet a du pain sur la planche au regard des défis exposés par les promoteurs de boulangeries et pâtisseries à base de farine locale. « Empowering local artisanal Bakeries », dispose jusqu’au mois de décembre 2026 pour apporter quelques solutions. Lesquels visent également la sécurité et la souveraineté alimentaire. Tout au long du projet qui rentre en droite ligne de la politique sur l’import-substitution mise en œuvre par le gouvernement depuis 2021, « nous allons les accompagner sur les aspects liés par exemple aux normes, à la législation, et pourquoi pas à certains aspects techniques, notamment l’entrepreneuriat », rassure Rodrigue Kouang. En effet, l’un des enjeux de ce projet est la promotion de la consommation locale. A savoir : inciter les camerounais à préférer les produits locaux.

Nadège Christelle BOWA

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