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Dre Patricia Essomba : Du cacao à l’écomusée, bâtir la paix par les savoirs locaux en Afrique !

Pionnière de l’engagement citoyen et environnemental en Afrique centrale, Dre Eulalie Patricia Essomba développe un projet d’écomusée pédagogique autour du cacao, articulé à des initiatives portées par l’Association Jeunesse Citoyenne Africaine pour la Paix et le Développement Durable et le GIC Transpat. Dans cet entretien, elle revient sur sa vision d’un cacao transformé localement, porteur de souveraineté, d’éducation et de cohésion sociale.

Quel est l’objectif principal de votre projet d’écomusée pédagogique et comment comptez-vous impliquer la jeunesse africaine dans ce projet ?

L’objectif principal de notre écomusée pédagogique est de faire du cacao non seulement un produit agricole, mais un véritable outil éducatif, économique et culturel. Nous voulons transmettre aux jeunes la chaîne complète de transformation du cacao, de la fève aux produits finis, en y intégrant des valeurs écologiques et citoyennes. Des ateliers pratiques, des visites guidées, des incubateurs de projets et des formations sont prévus pour les impliquer à chaque étape.

Comment le GIC Transpat contribue-t-il à la promotion de la paix et du développement durable dans votre communauté ?

À travers la culture durable du cacao et sa transformation locale, le GIC Transpat offre des formations et des soutiens multiformes aux jeunes, réduisant ainsi les tensions liées à la pauvreté et à l’exclusion. Il crée aussi des espaces de dialogue et de cohésion autour de la valorisation d’un patrimoine commun. La paix passe par l’inclusion, et le cacao devient ici un catalyseur d’unité et de développement.

Quels sont les principaux produits agro-tropicaux transformés par le GIC Transpat et comment sont-ils valorisés dans le projet d’écomusée ?

Notre produit phare est bien sûr le cacao, que nous transformons en poudre, beurre, chocolat artisanal, cosmétiques bio et surtout en boissons alcoolisées et non alcoolisées. Ces produits sont exposés et vendus dans notre écomusée. Chaque produit raconte une histoire : celle de la terre, des savoirs traditionnels et de l’innovation africaine. Nous y associons également des cultures complémentaires comme la banane plantain, le gingembre et bien d’autres arbres fruitiers.

Mon message à la jeunesse est clair : vous êtes les gardiens du patrimoine et les bâtisseurs de demain. Formez-vous, entreprenez, innovez et faites rayonner l’Afrique à partir de ses propres ressources. L’écomusée est votre espace, votre avenir commence ici.

Comment envisagez-vous de concilier la préservation de l’environnement et le développement économique dans votre projet ?

Nous pratiquons une agroforesterie cacaoyère, intégrant arbres fruitiers, légumineuses et cacao pour préserver la biodiversité. Nous utilisons des intrants naturels, encourageons le compostage et limitons les déchets en valorisant tous les sous-produits. Le développement économique passe ici par des circuits courts, une transformation locale et une labellisation éthique et écologique de nos produits.

Quels sont les défis que vous rencontrez actuellement dans la mise en œuvre de votre projet et comment pensez-vous les surmonter ?

Le principal défi est l’accès au financement et aux équipements modernes pour transformer le cacao localement. Il y a aussi des résistances culturelles face à l’innovation. Nous répondons à cela par le plaidoyer, l’éducation populaire et la recherche de partenariats avec des acteurs techniques et financiers sensibles à l’économie verte et solidaire.

Comment comptez-vous évaluer l’impact de votre projet sur la jeunesse africaine et sur le développement durable de votre communauté ?

La paix passe par l’inclusion, et le cacao devient ici un catalyseur d’unité et de développement.

Nous avons mis en place des indicateurs précis : nombre de jeunes formés, nombre d’espaces de vente créés, volumes transformés localement, pratiques agroécologiques adoptées, etc. Mais au-delà des chiffres, l’impact se mesure aussi par la transformation des mentalités : une jeunesse qui croit en ses ressources et agit pour sa communauté.

Quels sont les partenariats que vous avez établis ou que vous envisagez d’établir pour soutenir votre projet ?

Nous collaborons déjà avec des organismes nationaux et internationaux — à l’instar du Conseil interprofessionnel cacao-café, United Kingdom TP par le canal de l’International Trade Centre, des ONG environnementales et des établissements d’enseignement professionnel. Nous souhaitons élargir cela à des institutions de recherche sur le cacao, des entreprises éthiques de la filière chocolatière et des bailleurs qui soutiennent la jeunesse, la culture et la souveraineté alimentaire africaine.

Quel est le message que vous souhaitez transmettre à travers votre projet d’écomusée pédagogique pour inspirer la jeunesse africaine à prendre en charge son avenir ?

Le cacao, ce « trésor brun » souvent exporté brut, doit devenir pour l’Afrique une matière de transformation, de dignité et d’éducation. Mon message à la jeunesse est clair : vous êtes les gardiens du patrimoine et les bâtisseurs de demain. Formez-vous, entreprenez, innovez et faites rayonner l’Afrique à partir de ses propres ressources. L’écomusée est votre espace, votre avenir commence ici.

Entretien réalisé par Baltazar ATANGANA,

Expert en genre et transition écologique

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