Gestion des ordures : Transformer les déchets en richesse pour des villes durables
C'est l'objectif des États généraux sur la gestion des déchets urbains qui se tiennent depuis hier à Yaoundé, sous le haut patronage du Premier ministre. Ils ambitionnent de faire des ordures une ressource pour le développement durable des villes camerounaises.

La ville de Yaoundé accueille, depuis hier, 6 mai 2025, les États généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains. Placées sous le thème « Les déchets, une richesse pour des villes durables et propres », ces assises marquent une étape décisive dans la lutte contre l’insalubrité qui gangrène les villes camerounaises. Sous le haut patronage du Premier ministre, Chef du Gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Ngute, et orchestrées par le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès [Lire l’interview du ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, ici], ces travaux qui s’achèvent ce 7 mai, ambitionnent de tracer une feuille de route inclusive et participative pour donner un nouveau souffle à la gestion des déchets au Cameroun. Dans son discours inaugural, la ministre a rappelé les défis persistants auxquels font face les grandes villes comme Yaoundé et Douala. « Aujourd’hui à nouveau, nous déplorons le retour des immondices dans nos rues, masquant les efforts de construction et réhabilitation entrepris par le gouvernement », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné la nécessité de changer de paradigme en considérant les déchets non plus comme un problème, mais comme une opportunité.
Diagnostic alarmant
Les discussions s’appuient sur un constat préoccupant. Malgré les mesures mises en place ces dernières années, la gestion des déchets reste inefficace, avec des taux de collecte inférieurs à 50 % à Yaoundé et 65 % à Douala. Les infrastructures obsolètes, le manque de pré-collecte structuré et l’incivisme des populations compliquent davantage la situation. Ce diagnostic, fruit des consultations préalables menées dans les dix régions du pays, met aussi en lumière l’impact environnemental et sanitaire des déchets, aggravé par la montée en flèche de leur production due à l’urbanisation galopante. « La ville de Yaoundé, par exemple, voit sa production de déchets augmenter de 20 000 tonnes chaque année », a précisé la ministre. Pour le représentant du maire de Yaoundé, ces assises sont une « aubaine » pour répondre à une insalubrité chronique qui n’épargne aucune ville camerounaise. La mobilisation des autorités locales, des partenaires au développement, des opérateurs économiques, et des acteurs de la société civile est donc perçue comme un signal fort en faveur d’une solution durable. L’objectif principal de ces États généraux est d’intégrer l’économie circulaire dans la gestion des déchets urbains. À travers des propositions issues des consultations régionales, les acteurs présents travaillent à élaborer des mesures opérationnelles couvrant toute la chaîne de gestion : tri, pré-collecte, collecte, traitement, valorisation.
« Le Gouvernement attend de vos travaux des recommandations réalistes, qui feront des déchets une ressource pour l’embellissement et le développement de nos villes », a exhorté Célestine Ketcha Courtès. En valorisant les déchets, les villes camerounaises pourraient non seulement réduire la pression environnementale, mais aussi créer des opportunités économiques et des emplois. Pour cela, une collaboration étroite entre les Collectivités territoriales décentralisées (Ctd), les entreprises, et les citoyens sera essentielle. « L’avenir des déchets passe par leur valorisation », a martelé la ministre, appelant à une mobilisation collective. Ces assises, qui s’inscrivent dans la vision du Chef de l’État, de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, pourraient poser les bases d’un changement durable. En attendant, les participants sont unanimes, il est temps d’agir pour transformer les déchets en véritable richesse.
Michel NONGA