Le Cameroun dispose enfin de son outil de certification en agriculture biologique
Lancé en marge d’un atelier de réflexion sur les défis liés à une certification pour le marché des produits biologiques au Cameroun, le Coam qui signifie Cameroon Organic Agriculture Movement, est une initiative de la société civile porté par le Réseau de promotion de l’agroécologie au Cameroun (Repac). Il ambitionne à travers le réseautage de faciliter l’accès des produits issus de l’agriculture biologique sur le marché national et international.

« Enfin on y est ! », s’exclame Dr Mathieu Foka Simo, Directeur national du Cipcre au regard du long processus qui a conduit au lancement officiel du Cameroon Organic Agriculture Movement (Coam), le jeudi 02 octobre 2025 à Yaoundé. Couronné par son intégration au sein du Réseau de promotion de l’agroécologie au Cameroun (Repac) au cours d’une Session Extraordinaire de son Assemblée Générale, la veille de cette cérémonie, « le lancement officiel du Coam est l’aboutissement d’un long processus qui a connu plusieurs étapes notamment : Les études d’inventaires qui ont permis d’identifier les potentiels acteurs actifs sur le territoire national ; Les réflexions pour la mise en place d’un cadre de réseautage des acteurs de l’agriculture biologique [… ] La conception des outils de fonctionnement ; La mise en place d’une cartographie digitale des acteurs et d’un site web », a souligné Guy Rodrigue Kouang, Secrétaire général du Repac.

Selon ce défenseur de l’agroécologie, « Ce mouvement en faveur d’une certification nationale de l’agriculture biologique porté par le REPAC et ses partenaires, vient souligner la nécessité d’une plus grande collaboration entre les acteurs de la société civile et le gouvernement dans le cadre de la promotion de l’agroécologie et de l’agriculture biologique dans les politiques publiques ». Dr Mathieu Foka Simo compare cet outil naissant à « une grossesse qui doit être encadré avec tous les soins possibles ». Car : « c’est une innovation en termes de certification que le Cameroun est en train de mettre en place. […] Nous invitons les acteurs institutionnels à nous accompagner dans le processus de structuration du Coam. L’enfant vient de naître, il a besoin d’être soutenu par ses parents, par la communauté, et par l’ensemble des acteurs qui ont foi en sa capacité de croître, de s’épanouir et de contribuer à la construction de notre société commune », souligne-t-il.
Outil de certification consensuel

Né de la volonté de la société civile de doter les acteurs de l’agriculture biologique d’un référent national qui certifie que leurs produits sont sains, la vision du Coam est de voir émerger au Cameroun, une filière de l’agriculture biologique fonctionnelle, performante, dominante, avec des pratiques adoptées par toutes les communautés, et des produits consommés par une majorité de la population. « Le Coam vient répondre de manière claire et précise à ce questionnement que les consommateurs se posent. Le Coam est le seul mécanisme de certification qui viendra agréer que les producteurs ont produit suivant les normes requises en matière de production biologique au Cameroun, validées par le gouvernement », explique Raphael Meigno Bokagne, Directeur national de Inades-Formation qui a mené le processus de mise en place du Coam. Au Cameroun, l’approvisionnement en produits alimentaires sains constitue une réelle préoccupation pour les communautés.

Sur le marché, il est difficile de démontrer que ce que vous achetez est sain et propre à la consommation. « Maintenant, le Coam va nous différencier des tricheurs qui prétendent qu’ils font bio. On pourra nous identifier. Le client ne va plus être trompé parce qu’il saura que tout ce qui a le cachet du Coam est un produit bio certifié », exulte Clémentine Ngo Soh-Ekoué promotrice de la marque Mathys. « Nous allons affronter la Zlecaf. Je suis très fière parce que je voyage beaucoup. […] Je vends mes produits par moi-même. J’ai 64 ans, mais je n’en ai pas l’air parce que je suis dans tout ce qui est bio. Et je dis que ceux qui veulent être en santé doivent apprendre à manger bio ».
Soutenu par le gouvernement camerounais à travers le ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader), le Coam se positionne comme un cadre consensuel de certification des produits agricoles biologiques qui s’appuie sur les normes reconnues au niveau national. « Dans le secteur de l’Agriculture biologique, des systèmes participatifs de garantie (SPG) ainsi que d’autres initiatives. Toutefois, les défis persistent en raison des différences observées dans les critères et méthodes de certification », affirme Raphael Meigno. Selon qui, ce mouvement national est le fruit de la mise en œuvre du réseautage dans le cadre du Projet « Centre de connaissances de l’agriculture biologique et de l’agroécologie en Afrique ». Financé par la Coopération Allemande, le CCAB se propose de contribuer à la sécurité alimentaire tout en répondant aux multiples défis de préservation de la biodiversité et de la santé auxquels les sociétés sont confrontées dans un contexte de « One Health » pour lutter contre le changement climatique. Consécutivement au lancement du Coam, Inades-Formation Cameroun a organisé la Foire nationale des innovations agroécologiques, les 2 et 3 octobre au Centre Jean XXIII de Mvolye à Yaoundé.
Nadège Christelle BOWA