La première édition des Journées de la Cosmétopée célébrée au Cameroun
Cette initiative conjointe du Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (Saild) et l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (Acdic), parrainée par le ministère des Arts et de la Culture, met en lumière l’utilisation des plantes locales dans l’industrie cosmétique.

Selon Team France Export, le Cameroun est le 3e marché de consommation de produits cosmétiques et d’hygiène en Afrique subsaharienne francophone, derrière la République Démocratique du Congo et la Côte d’Ivoire, avec un volume d’affaires estimé à 570 millions d’euros en 2023. D’après le ministère du Commerce camerounais, le pays a dépensé 33,5 milliards de Fcfa dans les importations de produits cosmétiques en 2023. « …Vous voyez donc que la balance est déficitaire », commente un représentant de ce département ministériel dans un exposé intitulé : « Le marché du cosmétique au Cameroun : opportunités et défis », présenté à l’occasion de la première édition des journées de la Cosmétopée ouvert hier à Yaoundé sous le parrainage du ministère des Arts et de la Culture (Minac). Coorganisé par le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (Saild) à travers son Centre de Documentation pour le Développement Rural (Cddr) et l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (Acdic), l’évènement se tient du 9 au 11 septembre 2025 sous le thème : « Utilisation des plantes locales dans l’industrie cosmétique : savoirs endogènes, savoirs exogènes et biodiversité du Bassin du Congo ».
Cet évènement d’envergure aux effluves culturel, économique et scientifique réunit au siège de l’Acdic, des experts nationaux et internationaux, chercheurs, praticiens, acteurs du secteur cosmétique et représentants des communautés locales autour de thématiques clés que sont : la valorisation des savoirs traditionnels et des plantes locales dans la filière cosmétique ; la médiation entre les savoirs endogènes et les exigences scientifiques, industrielles et réglementaires ; la mise en lumière de la biodiversité du Bassin du Congo à travers des expositions, démonstrations et ateliers participatifs. « C’est un plaisir aujourd’hui de savoir que tous ces acteurs sont réunis et surtout pour la valorisation de nos matières premières. On a découvert plusieurs plantes qui sont utilisées et qui dans les années antérieures n’étaient pas connues. C’est une fierté pour nous aujourd’hui de pouvoir découvrir tout ça et surtout d’entrer en contact avec les nouveaux acteurs », exulte Alvine Djuffo Tsayem, coordonnatrice du pôle bien-être esthétique au Minac, par ailleurs promotrice de la marque Games Cosmetics qui utilise les plantes naturelles pour la fabrication des produits cosmétiques. D’après les estimations du Cddr, le Cameroun importe 75% de ses produits cosmétiques. Alors que le pays regorge d’espèces végétales pouvant servir à la fabrication desdits produits.
Valoriser les ressources génétiques

Dans le Bassin du Congo, environ 10 000 espèces végétales ont déjà été recensées. Entre autres plantes méconnues à haute valeur dans la filière cosmétique, Alvine Tsayem cite le ricin. « Ces plantes sont dans les forêts, on les coupe et on les jette parce qu’on ne connaît pas l’utilisation. Donc à travers des concepts comme celui-ci, on découvre, on sensibilise les consommateurs sur l’utilisation et ça ne peut qu’apporter le développement dans un pays », salue-t-elle. Cette première édition des journées de la cosmétopée est une composante du projet « Cosmétopée du bassin du Congo » financé par l’édition 2024 du Fonds de dotation Cosmetic Valley. Celui-ci vise principalement à contribuer au développement du secteur des cosmétiques à partir des ressources naturelles. « Dans le cas de ce projet, on est en train de travailler avec les communautés qui vivent autour du Parc National de Deng-Deng, entre autres, pour leur apprendre comment trouver le moyen de concilier le savoir traditionnel, le savoir endogène au savoir scientifique et vulgariser cela afin d’aider les communautés à passer de l’entreprenariat de subsistance dans lequel elles vivent actuellement à un entreprenariat de croissance, notamment avec la transformation et la commercialisation de ses produits », explique Franck Ndjodo, Environnementaliste, membre du projet.
Précisément, « On les met en contact avec des gens qui ont besoin d’intrants pour l’industrie cosmétique », ajoute-t-il, soulignant qu’il s’agit d’un projet de médiation qui consiste à rendre les produits forestiers non-ligneux un peu plus attrayants dans un processus de cosmétique. « De par ses missions régaliennes, notamment la valorisation de la pharmacopée végétale, des usages traditionnels de la beauté et de la création des œuvres de l’esprit, le ministère est heureux d’accompagner cette première édition des Journées de la Cosmetopée, afin que les créateurs des œuvres de l’esprit aient le soutien des pouvoirs publics, afin que le pôle consacré à l’esthétique et au bien-être, ainsi que le pôle consacré à la pharmacopée traditionnelle, trouvent ici un terrain fertile de promotion », a déclaré Valère Bitounou Oyono, Inspecteur N°1 au Minac, représentant le patron de ce département ministériel.
Promouvoir l’industrie locale
Pour l’émissaire de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, « le ministère est également heureux d’accompagner cette initiative, parce qu’il y a des expertises parce qu’il y a des expertises qui permettront de conseiller, de faire des recommandations aux pouvoirs publics. Afin que des mesures soient prises pour la valorisation, la promotion des arts traditionnels liés à la beauté et à l’exploitation du couvert végétal ». Les travaux se poursuivent ce mercredi avec l’exploration desthèmes consacrés dans des panels de discussion animés par les universitaires, des chercheurs entre autres. Le Jeudi 11 septembre, sous le thème : « Nos forêts nous embellissent », des entrepreneurs locaux invitent à la découverte des produits cosmétiques à base de plantes locales, innovations et produits artisanaux, estimer au cours d’une mise en bouche marquant la fin de la phase protocolaire de ces journées : « Nous avons eu le bonheur d’apprécier des stands qui montrent qu’en matière de création, nos artistes, nos créateurs sont très ingénieurs et qu’il y a un espoir pour la cosmétopée dans notre pays. Et surtout aussi qu’il y a les industries culturelles et créatives qui ont de beaux jours devant eux par la qualité des œuvres qu’on a vues », a relevé Valère Bitounou Oyono au terme de la visite des stands.
Nadège Christelle BOWA